« Finalement, je suis resté en Chine »
Jean-Michel Weiss importe de l’armagnac en Chine depuis plusieurs décennies. « En Chine, il y a de la place pour tout le monde », lance-t-il.
Comme son patronyme le laisse entendre, Jean-Michel Weiss est Alsacien. Voilà plus de trente ans il quittait Strasbourg en tant que cadre pour la société Leonardo, direction la Chine. « Je n’en suis jamais reparti », s’amuse-t-il. « La gentillesse, le sourire des Chinois, l’entraide que l’on découvre dans ce pays m’ont séduit. » Quelques temps plus tard Jean-Michel épousera une Chinoise et avec elle il crée une société d’importation de vins et spiritueux. La restauration gastronomique est aussi son univers.
Les importations d’armagnacs vont bon train avec une dizaine de Maisons qui font confiance à Jean-Michel. Et puis le Covid passe par-là. Le marché est stoppé dans son élan, Jean-Michel revient en France où il sera bloqué. Les contraintes mises en place par la Chine lui interdisent de revenir dans le pays de son épouse.
L’importateur ne se décourage pas. Au contraire, il multiplie les échanges avec les Armagnacais au point de compter aujourd’hui une quinzaine de marques qu’il commercialise en Chine mais aussi à Hong-Kong et à Macao.
L’importateur alsacien multiplie les salons aux quatre coins de la Chine, les séances de dégustations, les soirées dans des restaurants prestigieux. Aujourd’hui, il vend quelque 30 000 bouteilles d’eau-de-vie gasconne en Chine par an (dans un pays où 300 000 bouteilles d’armagnacs sont vendues annuellement).
Pour lui le marché chinois « est en plein développement. Les consommateurs sont attachés aux produits (des 20, 30 40 ans) mais aussi de plus en plus aux millésimes. Et bien sûr, la présentation, le marketing restent très importants aux yeux des Chinois. »
Jean-Michel Weiss observe aussi « un engouement toujours plus grand pour l’armagnac. Les Chinois ont envie de sortir des whiskies, des cognacs. L’armagnac, par sa qualité, son prix plus attractif, est très bien placé. » Dans un marché que, sans surprise, l’importateur français qualifie « d’immense ». « Ici, il y a de la place pour tous les armagnacs. Je ne place jamais deux Maisons dans une même région. Des régions qui font la taille de France… Et en Chine il n’y a pas de guerre entre agents, entre marques.»
Jean-Michel Weiss s’appuie sur un réseau important d’agents sur toute la Chine, de chaines de magasins (Olé, City super) forts de centaines d’établissements, des particuliers (au pouvoir d’achat très élevé) mais aussi plusieurs plates-formes de vente qui référencent les armagnacs importés par l’Alsacien. Si les conditions sanitaires ne jouent pas de vilains tours, Jean-Michel Weiss se dit très confiant quant au développement du marché chinois de l’armagnac, « un marché relativement jeune avec des acteurs qui apprennent très vite. »
La semaine dernière l’importateur a réuni tous ses clients armagnacais autour d’une bonne table gersoise. « Pour créer du lien entre nous, pour échanger, pour les écouter. Et aussi parce que la devise un pour tous, tous pour un doit être la nôtre. »
Une devise prémonitoire, le lendemain Jean-Michel était intronisé dans la Compagnie des mousquetaires d’armagnac. « J’avoue que cela fait très plaisir d’entrer dans une telle Compagnie. Et dans mon activité c’est important car les Chinois sont très attentifs à ce genre de reconnaissance. »
Jean-Michel Weiss, à gauche sur la photo, lors de son intronisation samedi dernier (photo DR)