L’accent américain de Dupeyron

La Maison Ryst-Dupeyron, vendue en décembre dernier à l’Américain Raj Bhakta, se donne de nouveaux moyens. Avec un premier produit pour les Etats-Unis

Comme nous le rapportions dans ses mêmes colonnes en fin d’année dernière, l’Américain Raj Bhakta est arrivé discrètement en Armagnac. En achetant pourtant une très belle Maison, Ryst-Dupeyron à Condom, au Gersois Jacques-François Ryst. Une marque emblématique créée au début du XXe siècle, et logée dans le splendide Hôtel particulier de Cugnac (construit en 1780).

Tout aussi discrètement, a été lancé le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, la première cuvée Bhakta, sans son propriétaire éponyme mais en présence de Giles Garnham, le jeune directeur de production installé dans les locaux condomois, le directeur de l’interprofession armagnac, et de représentants de la Compagnie des mousquetaires d’armagnac notamment. « L’armagnac ? Raj l’a découvert par hasard, sourit Giles. En faisant des « finish » de whisky dans des fûts d’armagnac. » Car sa réussite, et une partie de sa fortune, Raj Bhakta la construite avec la marque de whisky Whistle Pig qu’il crée en 2008 et revend dix ans plus tard alors qu’elle s’est installée parmi celles qui comptent le plus sur le marché américain. 

« En 2018, alors qu’il est en vacances en famille dans les Alpes, poursuit Giles Garnham, Raj Bhakta décide de visiter la région armagnacaise. » La suite est rapide. Il tombe sous le charme de la Maison Ryst-Dupeyron, qu’il achète le 12 décembre 2019. L’équipe « Ryst » est conservée, en particulier Bernard Domecq, l’incontournable maître de chai présent dans la Maison depuis près de cinquante ans.

Le 4 juillet était donc le lancement officiel du premier armagnac sous la marque du propriétaire. Un Bhakta 50, « un assemblage de nos meilleurs armagnacs, dont une eau-de-vie de 1868, commente le directeur, fini durant quinze jours dans des fûts Islay, un whisky écossais. » Pourquoi « brandy » ? « Parce qu’aujourd’hui il y a débat au sein de l’interprofession autour des armagnacs finis dans des fûts autres que d’armagnac, nous ne souhaitons pas créer de confusion », répond Giles Garnham.

Un produit qui sera exclusivement commercialisé aux Etats-Unis à travers le réseau de son propriétaire. Pour le reste, et notamment l’important stock d’armagnac Dupeyron, « il continuera à exister sous cette marque sur les marchés français, asiatique ou de l’Europe de l’Est. Vous savez, insiste le jeune directeur, Bhakta vient en Armagnac en ami, en partenaire. Il ne vient pas pour saccager la région mais pour travailler avec l’ensemble des acteurs. »

Une des missions de Giles Garnham est d’ailleurs de tisser des liens entre les opérateurs armagnacais et son patron, qui après avoir réussi dans le monde du whisky, veut conquérir le marché américain avec les eaux-de-vie gasconnes.

 

Photo 1
Giles Garnham et le Bhakta 50 lancé le 4 juillet.

 


Le Père David Cenzon a béni le chai Dupeyron à Condom