« Une nécessaire démarche collective »
Si Marc Darroze, le président du BNIA, loue les qualités individuelles des Armagnacais, il invite, à la veille de l’assemblée générale de l’interprofession, à une démarche collective indispensable. Rencontre.
ArmagnacNews : Marc Darroze, que diriez-vous de la santé de l’armagnac ces derniers mois ?
Marc Darroze Je trouve, en échangeant avec les Armagnacais, avec les opérateurs de notre filière, que les sourires sont autant de signes positifs. Certes le marché français reste compliqué, notamment dans la restauration qui n’a pas bien digéré la dernière crise, mais à l’exportation nous enregistrons de belles progressions. Nos statistiques ne nous permettent pas encore de regarder quotidiennement nos ventes, mais à fin juillet on notait une stabilité sur le marché hexagonal et plus 10% à l’export.
ArmagnacNews: N’est-ce pas handicapant de ne pas posséder ces chiffres plus régulièrement ?
Marc Darroze : C’est un de nos projets immédiats. Nous travaillons à la réalisation de nouvelles méthodes pour comptabiliser nos ventes. Notre ambition est de posséder, d’ici fin 2018 au plus tard, un outil qui nous donne une visibilité au quotidien de l’évolution de nos ventes. C’est un outil indispensable pour suivre et analyser nos marchés.
ArmagnacNews : À l’export, quels sont les pays dans lesquels vous réaliser vos meilleures progressions ?
Marc Darroze : Tant en volume qu’en valeur, les Etats-Unis restent devant même si la Russie commence à talonner ces deux premiers pays. À noter également que la Chine arrive en quatrième position avec de très belles ventes et pour certaines Maisons de belles percées dans ce pays. Les chiffres de fin d’année 2017 devraient traduire ces progressions.
ArmagnacNews : À la veille de votre assemblée, quelle stratégie envisagez-vous pour les mois à venir ?
Marc Darroze : Nous avons gagné en compétence individuelle, il faut être meilleur collectivement. Nous avons fait des efforts considérables : les vignobles sont magnifiquement tenus, nous n’avons jamais eu d’outils de production à ce niveau (en particulier grâce aux Côtes de Gascogne et à leur savoir-faire technologique remarquable, leurs chais avant-gardistes) et la maîtrise de la distillation est intéressante avec de nombreux investissements en alambic.
En revanche, nous ne sommes pas assez sur le terrain, nous ne sommes pas assez à l’écoute du consommateur. Nous manquons de compétences en termes de marketing, de mise en marché. Pour toutes ces raisons nous allons mettre en place un programme de formation très ambitieux avec une école dont la réputation dans l’expertise du vin et des spiritueux n’est plus à faire. Cet accord avec cette école est en train d’être formalisé pour un début d’intervention dès 2018.
ArmagnacNews : Comment cette formation vous fera-t-elle avancer sur le chemin d’un travail collectif ?
Marc Darroze : Nous allons essayer de passer d’une réflexion individuelle à une réflexion de filière. L’école qui nous accompagnera a effectué ce type de démarche avec de nombreuses filières viticoles. L’idée est est de faire prendre conscience de l’intérêt stratégique d’une démarche collective. J’espère que je serai le président (du BNIA, Ndlr) qui arrivera à cette prise de conscience. Je sais que cet objectif est ambitieux, mais il est nécessaire pour toute notre filière.
ArmagnacNews : Demain, lors de l’assemblée générale, vous avez invité des représentants des filières Champagne et Vins Corses. Dans quel but ?
Marc Darroze : L’objectif est justement d’écouter ceux qui ont réussi à mettre en place des stratégies gagnantes. Il nous paraît intéressant de les écouter, de les questionner sur les chemins qu’ils ont empruntés, sur les difficultés qu’ils ont rencontrées. Les réussites du Champagne et des vins corses sont exemplaires.