Cécile et Marion Tarbe relèvent le défi
Cinquième génération d’Armagnacais sur le domaine de Poutëou à Lannemaignan, Cécile et Marion reprennent la propriété familiale. Avec enthousiasme et projets.
Dans la famille Tarbe, le sourire est sur toutes les lèvres. Les trois frères, quatrième génération d’un domaine d’armagnacs et de marchands de bestiaux, vont pouvoir savourer une retraite bien méritée, leurs filles et nièces ont décidé de se lancer elles aussi dans l’aventure.
Cécile l’aînée, et Marion sa cadette, relèvent le défi de la continuité de l’eau-de-vie sur cette propriété de Lannemaignan où l’on distille depuis fort longtemps. Bien avant les millésimes les plus vieux (1938) que conserve jalousement la cave de la Maison.
« C’est finalement une évidence, commente Cécile. Pour ma part, j’ai un travail de comptable dans un cabinet de Nogaro, mais lorsque nous avons évoqué cette question avec Marion, voilà plus d’un an, je n’imaginais pas ne pas m’embarquer avec elle dans ce projet. »
Pour Marion, la trajectoire n’était sans doute pas si évidente. La chimiste de formation a parcouru toute la France après sa thèse (Marseille, Paris, Gaillac, Clermont-Ferrand…) avant de rejoindre la Chine et suivre l’évolution professionnelle de son mari. En Chine, elle travaillera deux ans à l’institut Pasteur. Un parcours assez éloigné des vignes de baco de Lannemaignan.
Pourtant, les choses vont se précipiter. Un retour à Paris, un papa qui annonce un départ à la retraite, une situation sanitaire qui, finalement, permet au mari de Marion de travailler à distance et donc du Gers. Bingo, les planètes s’alignent et les sœurs peuvent nourrir un projet un peu fou au départ : reprendre l’affaire familiale !
Quelques mois de réflexion et les sœurs se lancent. Cécile conservera son emploi tout en prenant en main l’aspect gestion de l’entreprise. Marion se forme. « Je suis des cours au BNIA (bureau national interprofessionnel de l’armagnac) et je prépare mon installation », dévoile la chimiste.
Cécile et Marion sont d’ores et déjà plongées dans leur challenge. « Nous avons la chance de posséder un très bel outil de travail, reconnaissent-elles. 45 hectares de folle blanche, baco, ugni blanc et colombard, un superbe alambic, un joli stock réalisé par nos oncles et père. A nous de poursuivre. »
Les jeunes femmes sont dans l’action. Elles s’interrogent sur la place de la Blanche, sur la vocation de leur 5 ans d’âge, sur le chemin de la mixologie. Elles regardent devant elles tout en conservant les valeurs sûres de la Maison, à savoir une politique de bruts de fûts, de millésimes, pour une clientèle constituée pour l’heure, à 95 %, de particuliers qui n’hésitent pas à se rendre sur la propriété et qui ne manqueraient pour rien au monde les soirées alambic désormais bien installées à Poutëou.
Cécile et Marion pensent aussi export. Vers la Chine notamment où Marion possède une expérience et un petit réseau. Mais aussi aux États-Unis et à l’Europe. La réflexion va bon train sur la jolie propriété de Lannemaignan où les frangines ont grandi, où désormais, avec leurs familles respectives, elles mettent tout en œuvre pour écrire une nouvelle page de Poutëou.
Marion et Cécile Tarbe, nouvelles « patronnes » du domaine de Poutëou (Photo Ph.C.)