Armagnac, rugby et toros

A Hontanx, dans les Landes, un vigneron, un joueur de rugby et un torero relance le domaine de Marquestau. Avec de beaux projets et une ambition affichée

Voilà quelques petites années, Jean-Michel Lamothe, vigneron, a repris le domaine de son oncle, à Hontanx. Le domaine Marquestau, dont les vignes de baco et d’ugni blanc ont été plantées après la Seconde guerre mondiale, court aujourd’hui sur vingt-cinq hectares dont une moitié est destinée aux vins côtes-de-Gascogne.
Autour de Jean-Michel Lamothe, deux associés ont rejoint le domaine : le rugbyman Julien Tastet, actuel entraineur du Stade Montois, et Thomas Dufau, un des plus brillants toreros français. Avec eux dans l’aventure depuis quelques mois, le Landais de Gabarret, Paul Talon gère la partie commerciale et marketing.
« Notre volonté est de rajeunir l’armagnac, lance Paul Talon. Sur la base traditionnelle des eaux-de-vie produites sur le domaine depuis plusieurs décennies, nous avons choisi de nous démarquer avec une bouteille plus moderne, une étiquette épurée. »
La gamme de Marquestau décline un VSOP de 9 ans d’âge, « accessible en prix et en goût, une eau-de-vie sur le fruit plus que sur l’alcool ». Un XO de 16 ans et plusieurs millésimes de 1986 à 2004 complètent l’offre. Dans l’équipe « tout le monde se complète », se plaît à dire le responsable commercial. Une alchimie bien connue dans la région entre armagnac, rugby et toros.
Si pour l’heure le marché est orienté à 100% en France, des pistes sont évoquées aux Etats-Unis, en Allemagne mais aussi au Danemark.
L’été dernier, Marquestau et ses mousquetaires ont lancé un « spiritueux à base d’armagnac », le Clandestino. Le petit nouveau entend clairement surfer sur la mode des cocktails, notamment ceux à base de rhum, avec sa composition armagnac (VSOP réduit à 35°), sucre d’agave et extraits de vanille. « Nous assumons de dénaturer l’armagnac, concède Paul Talon. Mais avec Clandestino nous pensons être en mesure de capter une autre clientèle, des consommateurs plus jeunes que l’on sortira de l’image parfois éculée de l’armagnac-béret-cheminée-cigare. »
Près de 1 500 bouteilles de Clandestino ont trouvé un bel accueil, en particulier le week-end dernier, lors du Bordeaux tasting, salon auquel participait Marquestau.
Quant à l’ambition du domaine (qui s’enrichira dans quelques mois d’hectares de baco et ugni blanc supplémentaires) et de ses propriétaires, elle est très claire : « l’objectif à cinq ans est de faire partie du Top 15 du marché de l’armagnac » lance sans barguigner Paul Talon.
Marquestau et son responsable marketing reconnaissent avec humilité « nous n’inventons rien, mais nous nous avons de plus en plus envie de casser les codes. » Alors les idées se bousculent au domaine, comme la décision de rénover l’ancienne étable qui désormais offre un lieu d’accueil incontournable sur le chemin du spiritourisme dans les Landes.

L’équipe de Marquestau (photo DR)