Audrey, ambassadrice de Castarède aux États-Unis

Française expatriée à Los Angeles depuis 10 ans, Audrey Fort est une amatrice loin des clichés que l’on peut associer aux spiritueux en général. Co-fondatrice de l’agence de création de marques « The Rooster Factory », elle contribue à faire connaître la Maison Castarède outre-Atlantique.


Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec l’armagnac ?
C’était en 2009, l’importateur américain avec qui je travaillais organisait des tournées de dégustations pour les distributeurs. Chaque Maison avait une table de présentation, et après plusieurs déplacements en compagnie de Florence Castarède, un jour, je suis allée la trouver. Elle m’a offert une dégustation incroyable, guidée et commentée. La Blanche fut une étonnante découverte pour moi, pas du tout ce que j’avais en tête, une révélation ! On n’imagine pas que l’armagnac puisse aussi être ça. C’est déroutant, funky, un mélange des saveurs d’eau-de-vie de raisin, du rhum agricole avec des accents de banane verte, et du Pisco. Ensuite, Florence a poursuivi avec un VS, VSOP et des millésimes. Pour moi, la nature, l’essence, l’origine du raisin ressortent beaucoup plus qu’avec le cognac de manière générale. Ce fut un vrai coup de cœur.


Quelle est votre définition de l’Armagnac ?
Pour moi, c’est l’un des plus beaux spiritueux au monde : l’expression pure et sans compromis du raisin et de multiples terroirs gascons. Un nectar versatile, extrêmement riche en arômes, ancré dans l’Histoire. Une histoire de femmes et d’hommes généreux et passionnés pour qui la perfection d’une eau-de-vie authentique prévaut sur tout autre dictat. La définition même de l’excellence artisanale et du savoir-faire français.

Pour vous, une dégustation d’armagnac s’associe à quel(s) moment(s) ?
Il n’y en a pas : je me bats contre les clichés liés à sa consommation et je n’ai pas envie de la limiter à des moments. Je peux déguster l’Armagnac avec une base de Blanche dans un bar tiki à Chicago, ou servir un millésime 75 à la maison après un repas avec des amis parce que j’ai envie de leur faire découvrir quelque chose d’extraordinaire, mais aussi savourer un VS ou VSOP dans un cocktail classique comme un Boulevardier ou un Negroni dans un speakeasy à Los Angeles.

Quelles sont les associations de saveurs qui vous plaisent avec l’armagnac ?

Il y a de nombreux mariages possibles. J’aime proposer une assiette de fromages bleus avec une Blanche juste sortie du congélateur. Une autre association top, c’est le poisson cru en sushi ou carpaccio. Avec un XO ou vintage, un dessert à la pomme, comme une tarte Tatin, ça marche aussi très bien. Enfin, j’en glisse un peu dans ma pâte à crêpes ou pour flamber des bananes.

Pensez-vous qu’une femme déguste les spiritueux différemment d’un homme ?

En France, je pense que c’est le cas, dans l’approche comme la dégustation. On s’imagine que les alcools bruns, forts, les digestifs, sont plutôt pour les hommes, et les femmes françaises semblent avoir plus de mal à se positionner par rapport à ça. Aux Etats-Unis, la culture de l’alcool en général, et du cocktail en particulier, est beaucoup plus développée qu’en Europe. Les femmes boivent du whisky, des alcools forts, comme les hommes. Je pense qu’il n’y a pas le même frein psychologique vis à vis de la dégustation pure. C’est aussi une question d’éducation du goût, cela prend du temps de rentrer dans le brandy de manière générale. Le palais féminin étant moins éduqué aux alcools bruns, il est donc sûrement plus facile de rentrer dans les brandies via les cocktails.

Comment est perçu l’armagnac aux Etats-Unis ?

Beaucoup d’Américains – je parle de consommateurs éduqués – ne connaissent pas l’armagnac. Peu de marques sont représentées, et cette catégorie est un peu écrasée par le cognac, bien que des efforts soient faits depuis quelques années. En revanche, dès qu’un américain goûte l’armagnac, c’est la surprise ! Et quel enthousiasme ! Pour eux, il se situe entre le cognac et le whisky, donc ça leur parle ce côté smokey, tourbé, qu’il peut y avoir dans le XO, des vintages ou certains VSOP. L’armagnac est perçu comme un petit bijou caché. À côté de la dégustation pure, traditionnelle, en digestif après repas, la découverte en cocktails est également toujours une très belle surprise. Ils aiment aussi cette notion d’artisanat, le côté luxe, cela véhicule une image qu’ils aiment de la France.