« Envoyons un signal fort »
Depuis WinexpoParis, Jérôme Delord, président de l’interprofession armagnac, revient sur la présence des Armagnacais au Salon et redit son ambition pour l’eau-de-vie gasconne
ArmagnacNews Quel est le sens de la présence des Armagnacais depuis trois jours sur ce salon international ?
Jérôme Delord Depuis très longtemps l’armagnac et les Armagnacais sont présents sur les grands salons internationaux. Celui-ci est devenu majeur dans l’univers des vins et des spiritueux. Nous nous devons d’être présents aux côtés des spiritueux du monde entier. D’ailleurs, cette présence a été très remarquée. La direction du salon a choisi, lors de son inauguration officielle, de passer par le stand du BNIA (Bureau national interprofessionnel de l’armagnac) ce qui est une belle reconnaissance pour l’armagnac. Quant à Jean-Pierre Cointreau, le président de la fédération des spiritueux de France, il a souligné, devant Olivier Becht, le ministre délégué en charge du commerce extérieur, que l’armagnac « fait beaucoup de bruit comparé aux volumes qu’il représente ». De quoi légitimer notre présence et encourager toute la filière.
Economiquement, est-il indispensable, pour les Armagnacais, de participer à un tel rendez-vous ?
Comment croître à l’exportation si nous ne profitons pas de tels salons ? Oui, nous devons être présents pour rencontrer nos importateurs qui, ne nous voilons pas la face, ne viendraient pas tous jusqu’à Eauze pour nous rencontrer. De plus, toutes les personnes qui franchissent le hall Be Spirits savent pourquoi elles sont là. C’est un vrai plus pour les Armagnacais d’y figurer.
Vous ne vous contentez pas d’être présents, vous participez aussi de façon très active, à l’instar des masterclasses que vous avez organisées…
C’est effectivement une façon très intéressante de dire que nous sommes là, que l’armagnac est vivant, qu’il se passe quelque chose dans notre appellation. Et même si ces masterclasses ne sont pas très suivies, l’important est que l’on sache qu’elles existent. Nous affichons notre présence et nous répondons, aussi, au travers de ces initiatives, au besoin de plus en plus prégnant de connaitre les produits, de les comprendre. On ne perd jamais notre temps à raconter notre armagnac, à l’expliquer. D’ailleurs, nous réfléchissons à être davantage présents sur des salons de ce type. Nous avons entamé une réflexion autour de notre présence plus importante au salon whiskylive.
Est-ce à dire qu’au niveau de l’interprofession vous réfléchissez à de nouvelles façons de travailler ?
Disons que nous réfléchissons effectivement à de nouveaux positionnements, à de nouvelles actions. Comme par exemple organiser des tournées (ce que nous faisions autrefois) avec plusieurs acteurs de l’armagnac, dans des pays oubliés.
Lors de votre prise de fonction à la présidence du BNIA, à l’automne dernier, vous avez annoncé une ambition élevée. Notamment en souhaitant un doublement des ventes à moyenne échéance. Vous confirmez cet objectif ?
Bien évidemment. D’ailleurs, dès la campagne 2023-2024, je souhaite que nous distillions 20 000 hl d’alcool pur (Ndlr, soit environ le double de la campagne 2022-2023). Il faut repartir, il faut y aller ! Nous avons les moyens d’y arriver. C’est un signal fort que l’on doit envoyer. On ne peut pas venir à vinexpo avec 30 Armagnacais et ne pas nourrir cette ambition. Lorsque je vois des jeunes, à la tête de petites propriétés, comme Marlène Ducos du domaine du Hour, présents ici à Paris, je suis très heureux. C’est le signe d’un renouveau, la preuve qu’il se passe quelque chose en Armagnac.
Pourtant ces dernières années il a été difficile de distiller des volumes suffisamment importants…
C’est vrai. Cela s’explique en partie par les calamités que nous avons subies (grêle, gel). Mais ce sujet, pour moi, est essentiel. Nous devons nous donner les moyens et inciter à plus distiller. Nous allons y travailler. Car nous devons doubler nos volumes sous peine de taper dans nos stocks.
Ce discours volontariste et ambitieux que vous portez depuis quatre ou cinq mois, avez-vous le sentiment qu’il est entendu ?
(Rires) J’espère que ce discours passe ! Je pense que les Armagnacais me font confiance et surtout, comme beaucoup d’observateurs l’ont dit tout au long de ces trois journées parisiennes, il se passe vraiment quelque chose en Armagnac. A nous de ne pas laisser retomber le soufflé et à emmener le plus grand nombre sur cette vague très positive.
Jérôme Delord, président du BNIA, sur le stand de Marlène Ducos, du domaine du Hour (photo Ph.C.)