“Nos ventes d’armagnac sont secondaires”

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les Armagnacais font face à la question de leurs relations économiques avec Russie et Ukraine.


Parfois, des questions peuvent sembler décalées, inappropriées, voire déplacées… C’est le sentiment qui se dégage des échanges avec les acteurs de l’Armagnac, principalement ceux qui commercent avec la Russie et l’Ukraine.
Car au-delà de la réalité de marchés qui pèsent parfois très lourds dans le chiffre d’affaires des Maisons d’armagnac, une autre réalité, bien plus grave, s’impose aujourd’hui.
Jérôme Delord, de la Maison éponyme, Stéphane Volpato, directeur du Club des Marques, Marc Darroze, le négociant landais, dont les entreprises sont très présentes en Russie (jusqu’à 15% en moyenne de leur chiffre d’affaires), disent d’une seule voix, derrière la question économique “c’est le drame humain qui (nous) interpelle.” Tous partagent aussi d’entretenir avec leurs importateurs, des relations privilégiées et de confiance. “Les premiers jours ils tentaient de minimiser la situation, éclaire Marc Darroze, puis leurs messages suivants étaient beaucoup plus inquiets.”
“Mon importateur, avec qui je travaille depuis plus de dix ans, dit pour sa part Jérôme Delord, nous répète que les Russes nous aiment, qu’ils ne veulent pas de cette guerre. On les sent véritablement meurtris.”
Jusqu’avant le début de l’invasion en Russie, les Maisons ont expédié des armagnacs en Russie et et en Ukraine. La suite? “On ne la connait pas et sans doute que le marché est déstabilisé pour plusieurs années”, prédit Marc Darroze. Mais le problème n’est pas là.”
“Que sont nos centaines de milliers de bouteilles face à la tragédie que vit l’Ukraine aujourd’hui et face à laquelle les Russes sont impuissants ?”, disent-ils de concert.
Il est des moments où la compassion s’impose et où les considérations économiques, fussent-elles considérables, s’éclipsent.
C’est le sentiment qui animent aujourd’hui les Armagnacais.