Patric Giacosa ré-enchante le Meslier

Alors que la période de distillation réserve de belles rencontres sur l’ensemble de l’appellation armagnac, à Condom, sur son domaine de Courréjot, Patrick Giacosa distille pour la huitième année du Meslier Saint-François. Un cépage de l’AOC encore peu fréquent mais qui « apporte beaucoup de qualité » à ses assemblages, assurent le Condomois.
Son aventure avec ce cépage historique est née il y a une petite dizaine d’années. Après avoir planté du cépage Baco au cœur de la Ténarèze contre l’avis de l’institut national des origines contrôlées (INAO) pour qui le Baco doit exclusivement s’exprimer que dans les sables fauves du Bas-Armagnac, Patrick Giacosa, l’aventurier vigneron de Condom, se lançait un nouveau défi : « sortir de l’oubli un autre cépage listé par le décret d’appellation, le Meslier Saint-François. »
« Il y a plus de 25 ans j’avais goûté une eau-de-vie de Meslier. Mon cerveau ne l’a jamais oublié, je voulais absolument l’ajouter à mon vignoble. » Trois ans de travail, avec la complicité de son pépiniériste, ont été nécessaires au viticulteur pour redonner vie au Meslier. Et lors de la première distillation, la récompense : « je me souviens avoir distillé 500 litres de ce nouveau cépage, se souvient-il. Ce fut comme une naissance. Après de si longs mois de gestation, l’alambic nous a délivré une eau-de-vie magnifiquement fleurie, au goût de miel et joliment sucré. »
Patrick Giacosa a assemblé son nouveau cépage au Baco et Ugni blanc. Et confié cet assemblage à une pièce de bois de chêne et au temps. « Rendez-vous dans sept ou huit ans », se disait-il à l’époque.
Des collègues armagnacais, interpellés par le Meslier, sont venus chercher des greffons chez lui.
Sorti de l’oubli, le Meslier Saint-François révèle, en plus de ses qualités gustatives, d’autres surprises. « Ces plans étaient autrefois difficiles à travailler au champ. Désormais, nous possédons les techniques pour les maitriser et profiter de leur résistance exceptionnelle aux maladies. Lorsque l’on sait que l’avenir passe par une culture raisonnée, ces qualités ne sont pas négligeables, » confiait à l’époque Patrick.
Hier, dans l’ambiance feutrée de sa distillerie, alors que l’alambic délivrait de nouvelles eaux-de-vie de Meslier Saint-François, l’Armagnacais de Ténarèze se réjouissait une fois de plus de « la qualité, des arômes et de la finesse » de son « eau ». Et annonce tout de go que dans un an ou deux, pour ses dix ans, un premier millésime Courréjot Meslier Saint-François sera présenté aux palais des amateurs.

Au pied de son alambic, Patrick Giacosa jamais avare d’explications (photo Ph.C.)