Une distillation qui retrouve des couleurs

A quelques heures de l’assemblée générale du Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac (BNIA) rencontre avec son président, Jérôme Delord.

De son propre aveu, « cette première année de mandat à la présidence du BNIA est passée très vite. A telle enseigne que je n’ai pas eu le temps de mettre en route tous les chantiers espérés », commente Jérôme Delord.

Pour autant, le président du BNIA, élu à l’automne 2022, se réjouit de deux points importants (et forcément liés), les volumes distillés lors de la campagne en cours et le prix des vins de distillation.

Concernant les volumes distillés, le sourire est de retour. Après plusieurs campagnes moroses, notamment liées à des conditions météorologiques désastreuses (gel, grêle, orages) les alambics tournent fort depuis le mois d’octobre. « Début de semaine dernière nous étions à 12 000 hl d’alcool pur distillés (11 500 distillés au total l’année dernière), note Jérôme Delord. Nous devrions terminer la campagne entre 15 000 et 17 000 hl. » Soit une augmentation de près de 40%. « C’est une très bonne nouvelle mais nous ne devons pas en rester là. Nous devons viser les 20 000 hl dès l’année prochaine et rester à de tels niveaux », insiste le président.

Un président qui veut « s’inscrire dans la durée », une ambition qui fait écho au message qu’il avait lancé lors de sa prise de fonction. Il en est de même pour le prix du vin de distillation. « Je trouve qu’il est équilibré (ndlr : 7 euros le degré hecto) alors que le marché du vin est tendu. D’ailleurs je note que nombre d’Armagnacais sont satisfaits de ce prix auquel il faudra se tenir. »

Un nouveau signe qui traduit, selon le président Delord, beaucoup d’espoir pour l’armagnac. « Les vins de distillation n’ont jamais été aussi bien vendus, poursuit-il, on recommence à bien distiller et dans le même temps l’interprofession redouble d’initiatives en étant présents sur les salons spécialisés, en multipliant les événements, en accueillant de plus en plus de journalistes. Tout ces éléments positifs contribuent à donner envie aux Armagnacais de produire davantage ».  

Au cours de cette année écoulée Jérôme Delord explique avoir géré « d’importants dossiers qui n’étaient pas prévus et notamment l’arrêté préfectoral pour les chais de plus de 50M3. Sujet traité avec l’ensemble de la profession et les membres du BNIA

Vendredi, lors de l’assemblée générale, le président du BNIA ne se contentera pas de pointer les points positifs, il rappellera d’autres dossiers qui devraient l’occuper dans les deux années à venir. Comme le sujet « de la réserve climatique » pour lequel Jérôme Delord souhaite rapidement « mettre tous les acteurs de l’armagnac autour d’une table ».

Il devrait également évoquer le cépage baco, spécificité de l’armagnac, qui vient de faire l’objet d’études et qui pourrait être une belle réponse en termes de coût de revient, de changement climatique. « Nous devons prendre soin de ce joli cépage », glisse le président.

Des points nécessaires pour l’évolution du BNIA, comme une nouvelle gestion budgétaire, ou encore travailler sur l’amélioration du traitement des flux entre le professionnels et l’interprofession, devraient être à l’ordre du jour du propos présidentiel.

Le marché de l’armagnac (stable dans un climat international difficile), peut aussi s’appuyer sur des chiffres positifs. La surface de vignes en armagnac est passée de 1 838 hectares en 2021 à 2 293 hectares en 2023. Avec une distillation en progression, les 422 opérateurs de l’armagnac que compte l’appellation aujourd’hui, peuvent regarder l’avenir avec le sourire. Un message que devrait délivrer, vendredi, le président Delord.