De nouveau frappé par le gel

Pour la troisième année consécutive (pour certains) le vignoble armagnacais est victime de fortes gelées
“Cela commence à faire trop !” Patrick Farbos, président du Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac (BNIA) ne cache pas un certain ras-le-bol au lendemain d’une nouvelle nuit de gel. Et après 2020 (gel et grêle), 2021 (fort gel en avril), l’appellation est de nouveau touchée.
Du nord au sud et d’est en ouest du terroir, les températures sont descendues en dessous de zéro. Certes, il faudra attendre environ un mois pour connaitre l’étendue véritable des dégâts, mais d’ores et déjà le mal est constaté.
“Nous sommes moins touchés que l’année dernière, témoigne Frédéric Blondeau à Hontanx (Landes), mais on peut considérer que 70% de notre vignoble est gelée.” Avec des différences notables: “l’ugni blanc, plus tardif, est a priori sauvé mais ce n’est pas le cas du colombard et de la folle blanche.” Quant au baco “c’est notre espoir”, lance Frédéric Blondeau. “On sait que l’on peut compter sur des contre-bourgeons. Mais beaucoup espéraient cette année distiller plus pour compenser l’année dernière, ce n’est pas gagné.”
A l’opposé, dans ses vignes de Ténarèze à Condom (Gers), Patrick Giacosa constate les dégâts: “le baco et le meslier sont flambés. On espère le contre-bourgeon sur le baco mais pour le meslier c’est plié.” Il faut dire que le Condomois a enregistré du -4 degrés hier matin.
A Labastide-d’Armagnac ,(Landes), Martine Lafitte se veut plus philosophe et lâche une boutade : “l’armagnac se vend de nouveau très bien !” Au-delà de cette bonne humeur la propriétaire du domaine de Boignères ne peut que constater que “les folle blanche ont beaucoup souffert. Sans doute moins que l’année dernière mais cela fait trois ans que nous sommes gelés et grêlés. Ugni blanc et colombard n’ont pas été touchés.”
Quant à Philippe Fezas, domaine Chiroulet à Larroque-sur-l’Osse (Gers), il se veut prudent: “nous sommes moins atteints que l’année dernière mais nous n’avons pas encore fait le point de toutes les parcelles. Attendons un mois et les Saints de glace du début du mois de mai…”

Myriam Darzacq, propriétaire du domaine de Paguy, à Betbezer (Landes) invite “à rester résolument optimiste. Oui nous avons été gelé dette année encore, notamment nos Colombard, mais heureusement nous avons nos baco…” Et la productrice de patienter quelques semaines encore pour tirer un bilan plus précis de cet épisode.
Une point est noté par tous, la vigne était moins en avance que l’année dernière et le gel est arrivé une semaine plus tôt. Ce qui peut laisser espérer un peu moins de ravage et compromettre un peu moins la prochaine vendange.
Mais dans le même temps reviennent des questions comme celle des assurances “moins importantes du fait de la succession d’années de gel”, rappelle le président Farbos qui s’inquiète aussi pour ceux qui “après une année de gel auraient fait l’impasse sur les assurances cette année.”
Le président du BNIA attend une trentaine de jours pour un bilan définitif de ce nouvel assaut du gel mais s’apprête à vivre, avec l’ensemble des acteurs de l’appellation, une nouvelle année difficile.

Après le gel de 2021, avril est de nouveau fatal à la vigne armagnacaise (photo Ph.C.)