Réflexions et ambitions armagnacaises
L’assemblée générale de l’interprofession armagnac, vendredi, était placée sous le signe de la réflexion autour du produit, et une ambition réaffirmée
Après l’incontournable assemblée statutaire, négociants, producteurs et acteurs de l’armagnac se sont retrouvés vendredi à Eauze, pour échanger autour de leur eau-de-vie. Avec un premier thème très large : « les styles d’armagnacs dans le monde des spiritueux ».
Pour animer cette discussion, deux intervenants, le journaliste de Terre de Vins Matthieu Doumenge, et le caviste Sébastien Durand. D’abord interrogé sur la Blanche, le caviste a lancé que celle-ci « a sa place mais pas uniquement en mixologie ». Alors que pour le journaliste, « la Blanche est montée en qualité et précision », « ce produit est en train de se construire ». « La Blanche est notamment intéressante par la multiplicité de ces cépages. »
La question des jeunes armagnacs est également venue dans la discussion. « Quelle est leur lisibilité pour le consommateur ? demande Matthieu Doumenge qui leur trouve le mérite « d’élargir les moments de consommation ». Pour Sébastien Durand, ces jeunes armagnacs « sont une porte d’entrée, notamment pour la restauration. »
Le positionnement de l’armagnac, question récurrente, s’est également glissé dans le débat. Entre tradition et qualité, injonction à innover, travail sur le packaging, armagnac qui raconte une histoire… : les échanges ont été nourris.
Le millésime est aussi un habitué des débats. En particulier la question des jeunes millésimes (10 ans et moins). Comment collectivement répondre à cette question, a-t-on entendu. Mais aussi « laissons chacun tenter des choses ». L’assemblée n’a évidemment pas tranché cette question.
Plus technique, le second thème « le baco sous l’œil de la science », n’en fut pas moins intéressant. Animé par deux experts du sujet : Gilles Revel, professeur d’œnologie à l’université de Bordeaux, et Thierry Dufourcq, ingénieur viticulture-œnologie à IFVV à Toulouse.
Il fut question des recherches de Xavier Hastoy, jeune doctorant qui soutient sa thèse dans deux jours sur le baco, mais aussi des caractéristiques spécifiques de ce cépage unique et propre à l’armagnac. Il a été question des recherches à venir autour du baco, principalement pour connaitre ses facultés à résister (aussi) aux maladies de la vigne.
Tous ces sujets faisant résonnance avec des questions plus larges comme celle de l’évolution climatique. Ou encore la question « comment mieux valoriser le baco ? » avant de s’interroger sur « l’identité sensorielle du baco ».
C’est logiquement le président de l’interprofession, Jérôme Delord, qui conclût cet après-midi studieux en rappelant sa satisfaction de voir des volumes distillés en augmentation importante (plus 40% cette année), mais aussi en formulant souhaits et ambitions.
Au registre des souhaits ont peut classer celui de maintenir des prix d’achat des vins de distillation à un bon niveau (7 euros cette année) ou encore la nécessité de travailler plus fort le marché à l’export (en augmentation alors que le marché français est en repli).
Côté ambition, le président Delord réaffirme sa volonté de travailler à « une réserve climatique » et de « distiller 20 000 hl d’alcool pur » l’année prochaine.