« Travailler tous dans la même direction »
Après trois années à la tête du Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac (BNIA), Patrick Farbos passe la main vendredi. Il confie ses impressions sur ces trois années intenses
Armagnac News : A l’heure où vous quittez la présidence du BNIA, quel sentiment vous anime plus particulièrement ?
Patrick Farbos : D’abord, j’ai l’impression que nous n’avons pas fait grand-chose… sans doute est-ce dû aux deux années Covid que nous avons subies. Et puis, finalement, lorsque l’on met bout à bout tout ce que nous avons réalisé, on se dit que nous avons fait de belles choses.
A. N : Parmi ces belles choses figure sans doute la Maison Gascogne-Armagnac dont on parlait depuis trente ans ?
P. F. Il est vrai que ce projet était dans les cartons depuis de très longues années. Un projet devenu très politique au fil des décennies, les opérateurs n’étaient pas d’accord entre eux… Par ailleurs, toutes les institutions, hors le BNIA, possédaient des locaux à la limite du salubre, il fallait faire quelque chose. Le BNIA, de son côté, s’est déterminé par rapport à sa quote-part financière, le conseil d’administration n’étant pas favorable nous avons convaincu la Région de nous aider financièrement. Finalement, cette Maison a vu le jour et nous pouvons nous en réjouir car elle réunit toutes les composantes de la viticulture de la Gascogne en un même lieu (1)
A. N. : De quelles actions ou réalisations durant votre mandat êtes-vous le plus satisfait ?
P. F. : Outre la Maison Gascogne-Armagnac, je suis satisfait d’avoir installé l’armagnac (et le floc) dans les instances de la Région Occitanie en tant qu’ODG (Organisme de défense et de Gestion) indépendant de toute tutelle. Je retiens aussi l’opération que nous avons menée en solidarité avec nos collègues de Bordeaux et de Cognac lors de la « taxe Trump ». Nous nous sommes battus ensemble contre ce projet de taxation jusque dans les ministères et à L’Elysée.
A. N : Il y a eu, aussi, la reconnaissance de l’armagnac en tant que patrimoine culturel immatériel…
P. F. : C’est vrai. C’est une excellente chose pour l’armagnac. Nous le devons à une initiative des Landais à laquelle le BNIA s’est associé. Cette action illustre d’ailleurs un point sur lequel je me suis battu, à savoir gommer des différences entre les trois départements de notre appellation (Gers, Landes et Lot-et-Garonne, Ndlr). Pour moi, il n’existe pas de limites géographiques en Armagnac. Une nouvelle et très récente preuve de cette union est la charte que les trois départements et le BNIA viennent de signer à Agen à l’occasion des Assises des Départements de France. Une charte qui engage les trois départements à promouvoir plus efficacement nos armagnacs.
A. N. Un mot sur « Armagnac 2030 » ?
P. F. : Ce travail prospectif pour imaginer l’armagnac à horizon 2030 est une magnifique occasion de travailler tous ensemble, tous dans la même direction. La démarche est belle et sur les rails.
A.N. Avez-vous un regret ou une frustration en cette fin de mandat ?
P. F. : Plutôt une frustration : une présidence tournante tous les trois ans c’est trop court. On construit des relations, on met des choses en place et le mandat s’arrête…
A.N. : Raisons pour laquelle vous auriez aimé revenir sur cette durée ?
P. F. : Ce que j’ai réussi à faire c’est de décaler le moment du changement. Notre exercice comptable s’arrête au mois de juin et jusqu’à aujourd’hui le nouveau président venait à l’assemblée d’octobre présenter le bilan de son prédécesseur. Désormais, et ce sera le cas dès ce vendredi, le président sortant défendra le bilan de l’exercice et de son mandat avant de passer la main à son successeur. De même, j’ai ouvert depuis trois ans cette assemblée à nos partenaires, au public, à la presse. Il est important de s’ouvrir aux autres.
A.N. : Quelle analyse faites-vous du marché actuel de l’armagnac ?
P.F. : Je ne suis pas un professionnel de l’armagnac, je ne suis pas connaisseur comme un négociant. Mais le président d’une compagnie aérienne n’est pas forcément un pilote d’avion. Et même si le président du BNIA n’y est pour rien, je me réjouis de la progression à deux chiffres sur la plus part des marchés.
A. N. : Quel regard portez-vous sur l’avenir de l’armagnac ?
P.F. : Difficile de prédire l’avenir, en revanche le millésime 2022, après les gels et orages de grêle successifs et répétés, sera catastrophique. Ce millésime vaudra de l’or, il ne faudra pas le gaspiller.
A. N. : Un message à votre successeur ?
P.F. : La présidence du BNIA prend beaucoup de temps, il faut donc une grande disponibilité parce qu’on nous demande d’être partout. Il est essentiel de parler et de faire parler de l’armagnac.
(1) La Maison Gascogne-Armagnac réunit l’armagnac, le Floc de Gascogne, les Côtes de Gascogne, la restructuration du vignoble, les Vignerons indépendants, la Chambre d’agriculture et le Pays d’Armagnac